Même si vous n’êtes pas très familier avec le monde du nautisme, il y a de fortes chances que vous connaissiez le nom Chris-Craft, sans aucun doute l’une des marques les plus connues et riches en histoire. Chris-Craft a été fondée officiellement au milieu des années 20, mais techniquement, c’est en 1874 que Chris Smith, alors âgé de 13 ans, a commencé à construire ses premiers bateaux. Produisant jadis des embarcations haut de gamme et de performance destinées aux plus fortunés, la marque a connu des années difficiles durant la grande dépression en s’est aussi vue forcée de contribuer à l’effort de guerre en procurant des bateaux de patrouille à l’armée.

Ce sont les années 50 qui ont permis à Chris-Craft de véritablement prendre son envol. En effet, l’entreprise a amorcé la production en série d’embarcations à son usine du Michigan et ajouté de nouvelles gammes dédiées à la classe moyenne. Avec plus de 139 modèles proposés, cette époque a grandement contribué à donner ses lettres de noblesse à Chris-Craft. On se souvient de plusieurs modèles de prestige, dont le Constellation de 57 pieds assemblé à partir de 1971, alors que les années 80 se sont déroulées sous le signe de la haute performance avec notamment le Stinger 390X, vedette de la populaire série Miami Vice. Durant les années 90, la marque est passée sous le giron d’OMC puis s’est éteinte un peu plus tard après la faillite de ce dernier.

Style à la fois moderne et classique
Il faudra attendre 2001 pour voir la marque renaitre, cette fois sous la gouverne de la firme londonienne Stellican Ltd., spécialisée dans la relance de marques réputées.

Depuis, le constructeur n’a cessé d’élargir sa gamme et tous les produits partagent la même idéologie, style classique et qualité sans compromis. Bien entendu, le prix des modèles reflète bien cette philosophie, mais rares sont les bateaux modernes qui profitent d’une attention aux détails si marquée. Vous voulez un Chris-Craft, il faudra y mettre le prix.

Nous avons récemment mis à l’essai le Corsair 25, un bateau se situant en milieu de gamme avec sa longueur hors tout de 26,8 pieds. Puisqu’il porte la dénomination Corsair, il est muni d’une cabine habitable, alors que les embarcations à pont ouvert sont réservées à la série Launch.

Au premier regard, on reconnait rapidement les proportions typiques des modèles antérieurs via la partie avant raccourcie, le poste de pilotage avancé et le long bain-soleil à l’arrière. On pourrait croire qu’il s’agit d’un Riva, une autre icône du nautisme. L’agencement des couleurs, le choix des matériaux et l’attention portée à chaque détail frappent l’œil et on s’aperçoit vitequ’il ne s’agit pas d’une embarcation d’entrée de gamme, surtout dans le cas de notre modèle d’essai qui disposait d’un ensemble optionnel ajoutant des lattes en bois de teck sur le pont, le plancher du cockpit et la plateforme de baignade. On remarque les nombreux équipements en acier inoxydable incluant les taquets d’amarrage, les rails et le support d’ancre à l’avant.

Afin d’assurer la longévité des couleurs, le constructeur peint ses coques plutôt que d’utiliser simplement de la fibre de verre (gelcoat) colorée, une attention qui rehausse encore plus l’aspect haut de gamme du modèle. Très chic!

Une configuration élégante mais moins fonctionnelle
Une bonne partie de la surface du bateau est occupée par la large plateforme de baignade à l’arrière et le bain-soleil double intégrant au centre un passage menant au cockpit. Ces deux endroits constituent des zones de prédilection pour se détendre et profiter de l’eau et du soleil une fois à l’arrêt. Cependant, la partie cockpit est ainsi plus réduite, surtout par rapport à d’autres embarcations de dimensions similaires. On retrouve à l’avant deux sièges capitaines, alors qu’à l’arrière une banquette en U, ultraconfortable, permet de recevoir plus de convives. Encore une fois, le souci du détail est omniprésent, notamment avec les différentes composantes du poste de pilotage et les nombreux éléments en bois de teck.

La cabine semble beaucoup plus accessoire que fonctionnelle avec le dégagement réduit à la tête et l’absence de commodités. La couchette peut tout de même accueillir deux adultes, mais ne comptez pas sur le grand confort. Un hublot sur le pont laisse entrer un peu d’air frais et de lumière.

Sur l’eau
Le Corsair 25 est offert avec un choix de motorisations provenant de chez Volvo et Mercury dont la puissance peut varier entre 300 et 430 chevaux. Notre modèle d’essai abritait le plus puissant des moteurs proposés, un Mercruiser V8 de 8,2 litres développant 430 chevaux et jumelé à une embase de type Bravo 3. Les chiffres de performances sont assez éloquents alors que le 0-20 MPH n’est l’affaire que de 2,5 secondes. Le modèle dispose d’une vitesse maximale de 55,8 MPH à un régime de 4 850 tr/min. À 3 000 tr/min, on obtient un confortable 31,7 MPH avec une consommation raisonnable de 10.13 GPH (38,29 L/H).

À vitesse de croisière, le moteur émet une riche sonorité, juste assez intéressante et pas trop dérangeante. Les dimensions du modèle lui procurent une stabilité, et ce, même dans la vague. Le V prononcé de la coque, 20degrés, et l’extrême solidité aide à fendre les vagues et évite au conducteur de devoir toujours réduire la vitesse. Bref, le modèle est assez compact pour être pratique et agile, et assez imposant pour assurer une conduite tout en douceur.

Le Corsair 25 représente bien l’héritage de la marque. Il offre une qualité irréprochable et une conduite emballante. On croirait revivre le passé, avec une touche de modernisme.

Partager