On le sait, les fluctuations du prix de l’essence sont un élément qui influence grandement l’industrie du nautisme. Un bateau nécessite plus de puissance qu’une voiture pour se déplacer, la résistance de l’eau demandant un effort continu de la part de la motorisation, élément qui bien entendu exige une consommation de carburant plus élevée. Depuis quelques années, plusieurs plaisanciers se sont adaptés à cette réalité en modifiant la manière dont ils pratiquent le nautisme, mais les motoristes ne semblent toujours pas prendre cette réalité au sérieux puisque contrairement à ce que l’on voit dans le domaine de l’automobile, les technologies visant à réduire la consommation d’essence tardent à venir.

Un bateau 100 % électrique, développé au Québec
La plus récente innovation en la matière ne vient pas d’un constructeur majeur, mais bien d’une firme indépendante et québécoise de surcroit, LTS Marine, qui nous présentait en primeur nord-américaine, lors du dernier Salon du Bateau de Montréal, le Ski Nautique E, un bateau de ski entièrement électrique. Étant donné l’utilisation que l’on fait normalement d’un tel bateau, l’idée de lui octroyer des moteurs entièrement électriques devenait beaucoup plus sensée que dans le cas d’un bateau de plaisance conventionnel.

Puisque LTS Marine se spécialise dans l’adaptation de motorisations et non pas dans la fabrication d’embarcations, l’entreprise s’est associée au constructeur américain Correct Craft, afin de doter l’un de leurs modèles d’un groupe motopropulseur zéro consommation et du fait même, zéro émission. Au point de vue technique, le Ski Nautique E est muni d’une paire de moteurs électriques TM4, également conçus au Québec et initialement développés pour l’automobile. Ces moteurs, dont la puissance combinée est d’environ de 160 Kw (215 chevaux), sont couplés à une boîte de transfert et en fin de compte à l’hélice via un arbre de transmission (shaft) ordinaire.

Le Ski Nautique E est équipé de batteries lithium ion placées de chaque côté du bateau permettant ainsi de préserver l’équilibre. L’ensemble permet d’obtenir un rendement équivalent à huit gallons (32 litres) d’essence, le tout avec quatre skieurs et à une vitesse de pointe pouvant atteindre à peu près 40 mph (65 km/h). Un système surveille en temps réel la charge des batteries et vous avertit lorsque vient le temps de retourner au quai pour recharger les batteries. Lorsqu’elles sont pleinement rechargées, l’autonomie du bateau se situe entre 20 et 30 miles (32 à 50 km), à une vitesse de 15 mph (25 km/h). Il faudra compter approximativement quatre heures pour une recharge avec une prise de 240 volts, et plus du double avec une prise domestique conventionnelle de 120 volts.

Stylisé
Nous avons eu la chance d’essayer le modèle prototype et il faut avouer que nous avons été agréablement surpris. Au chapitre du design, les gens de Nautique ont voulu mettre bien en évidence le caractère unique du bateau et c’est pourquoi la coque arbore un ton de vert et qu’elle est recouverte d’un dessin représentant une anguille électrique. À bord, on n’a pas que substitué le moteur, mais on a aussi profité de l’occasion pour mettre les moteurs électriques en évidence et les intégrant dans un compartiment dont le couvercle translucide permet de les admirer. La présence d’un éclairage au LED bleu ajoute également au style, surtout en soirée. On dirait un bateau sorti tout droit du futur, particulièrement lorsqu’il s’amène dans un silence complet! Toutes les fonctionnalités d’un modèle conventionnel sont là, cependant, l’espace de chargement est réduit sur les côtés en raison de la présence des batteries.

Sur l’eau
Le premier élément qui surprend lorsque l’on prend le volant du Ski Nautique E c’est bien entendu l’absence de moteur. Pas besoin d’activer le ventilateur de cale pendant quelques minutes avant de démarrer, il suffit de presser un bouton pour lancer les moteurs électriques et après quelques secondes, on est prêt à prendre le large! Les gens de LTS Marine ont bien fait leur devoir, notamment en ce qui à trait à la modulation de l’embrayage. Le tout est graduel facilitant ainsi les manœuvres, surtout à basse vitesse.

En conduite, c’est principalement le silence qui règne à bord qu’on apprécie, nous permettant alors de découvrir de nouveaux sons pendant qu’on navigue. Même constat pour le skieur à l’arrière qui n’est pas incommodé par les gaz d’échappement ou par le bruit du moteur. Nous avons obtenu une vitesse maximale de 39 mph à un régime de 6 500 tr/min. Vous aurez remarqué qu’avec un tel régime maximal, un moteur électrique, ça tourne. Le plus beau dans tout ça, peu importe la vitesse, la consommation demeure la même : zéro!

Un avenir?
Le Ski Nautique E devrait être offert à même la gamme des modèles Nautique en 2013. Alors que la version à motorisation conventionnelle se vend environ 60 000 $, la version électrique devrait être proposée un peu au-dessus des 100 000 $. Voilà le prix à payer pour éviter les visites à la pompe! Il vous faudra donc plusieurs années avant de rentabiliser votre investissement, mais pour le moment, on mise davantage sur l’aspect écologique du modèle que sur le côté économique.

Le constructeur prévoit également équiper des croiseurs avec ce type de motorisation. On pourra alors utiliser une génératrice, élément que l’on retrouve déjà à bord de plusieurs croiseurs, permettant ainsi de recharger les batteries et de prolonger l’autonomie. Voilà qui devient très intéressant! Bien entendu, le Ski Nautique E demande des compromis, mais ce modèle constitue un pas dans la bonne direction.

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