Depuis quelques années déjà, la vente de bateaux d’occasion a pris un essor remarquable et les plaisanciers sont comblés par le grand nombre de bateaux qui leur sont vendus à des prix et conditions de plus en plus avantageuses.

L’économie américaine tournant au ralenti, la parité du dollar canadien avec le dollar américain et la diminution de la demande pour les bateaux neufs sont des facteurs qui, jusqu’ici, ont favorisé la vente des bateaux d’occasion. Chez nos voisins américains par exemple, plusieurs propriétaires de bateau ont mis leur embarcation en vente par le biais de courtier, de concessionnaire ou pour certains, par le biais de leur institution financière (reprise de possession). Donc, non seulement la vente de bateaux d’occasion est redevenue « à la mode » mais en plus, l’offre excédant la demande, nous sommes entrés dans un véritable marché d’acheteurs où les choix sont nombreux, les prix à la baisse et les conditions d’achat excellentes. L’acheteur d’un bateau d’occasion est donc en position de choisir et surtout de bien négocier son achat. Nous posons ici la question suivante : « À l’achat d’un bateau d’occasion, est-il plus avantageux de faire affaire avec un particulier ou avec un commerçant établi? »

L’achat d’un bateau neuf ou d’occasion demeure toujours un investissement majeur. Je vous propose donc de répondre à cette question en fonction des critères suivants : 1) l’état du bateau et de son moteur 2) le prix demandé et sa juste valeur au marché et 3) les conditions entourant la transaction d’un bateau d’occasion.

1) L’état d’un bateau d’occasion et de son moteur
L’état et la condition d’un bateau sont de loin le critère le plus important à considérer à l’achat. Il est donc impératif pour l’acheteur d’examiner scrupuleusement le bateau convoité avant d’acheter.

Afin d’évaluer la condition d’un bateau d’occasion, l’acheteur d’une vente entre particuliers devra faire appel à un expert maritime et payer à ses frais l’expertise (généralement entre 14 et 20 dollars du pied linéaire). De plus, comme la plupart des experts ne font pas d’inspection approfondie du moteur et ne vérifient pas son rendement, l’acheteur devra mandater un technicien mécanique, de préférence spécialisé dans le domaine, pour se faire une juste opinion sur l’état du moteur. Enfin, comme suite aux rapports de ces deux spécialistes, l’acheteur devra bien comprendre et interpréter le rapport d’expertise et s’il y a lieu, négocier avec le vendeur le coût des réparations. Évidemment, dans le cas de travaux majeurs, la vente pourra être annulée, et dans le cas de réparations mineures, il faudra une entente de gré à gré entre les parties.

L’achat d’un bateau d’occasion chez un concessionnaire de bateaux est une situation tout à fait différente. Nous supposons ici que le concessionnaire a bonne réputation, qu’il est responsable et qu’il désire continuer à faire de bonnes affaires. Dans ce cas, l’acheteur n’aura pas à payer pour l’expertise maritime, ni pour la vérification des équipements et des moteurs. Un concessionnaire établi et réputé se fera un point d’honneur de garantir l’état du bateau, d’inscrire cette garantie dans le contrat de vente et de supporter sa garantie.

2) Le prix demandé et le prix du marché*
Parmi les avantages d’acheter directement d’un particulier, on retrouve l’approche « achetez ce bateau à un prix d’ami »… Pas besoin d’être ami avec le vendeur pour constater une aubaine… certains particuliers veulent « sortir » du marché à tout prix! Alors, si l’acheteur est en mesure de bien comparer la qualité et l’état du bateau par rapport au prix du marché*, il pourra évaluer ce qu’il économise en achetant d’un particulier. Cet avantage n’est cependant pas toujours présent, car il faut savoir que plusieurs vendeurs demandent souvent un prix bien au-dessus de la valeur marchande… En contrepartie, un concessionnaire responsable n’a pas véritablement le choix de vendre ses bateaux d’occasion au juste prix… sinon, tôt ou tard, il ne sera plus en affaires!

Un mot sur la taxe de vente…
Au Québec, lorsqu’une vente de bateau d’occasion s’effectue entre particuliers, la taxe de vente (TVQ) n’est pas exigée. Dans certaines provinces canadiennes, cette taxe est redevable au gouvernement provincial.

Vous comprendrez donc, qu’au Québec, l’avantage d’acheter un bateau d’occasion d’un particulier serait semble-t-il d’épargner l’équivalent de 9,5 %  (taux de TVQ  appliqué en 2012) sur le prix du bateau vendu. De plus, par rapport à l’achat d’un bateau chez un commerçant, l’écart serait encore plus considérable puisque ce dernier doit, en plus de la TVQ, percevoir la taxe sur les produits et services (TPS) de 5 %… ce qui fait un écart combiné de 15 % (1,05 x 1,095= 1,14975) sur le prix de vente.

En pratique cet avantage n’est pas toujours évident puisque les vendeurs particuliers demandent souvent un prix qui tient compte des taxes que vous auriez à payer chez un concessionnaire. D’autre part, dans le cas où un échange de bateaux fait partie de la transaction, le concessionnaire pourra non seulement considérer et reprendre votre échange, mais il accordera à l’acheteur un crédit de taxe sur le bateau transigé.

3) Les conditions entourant la transaction d’un bateau d’occasion
L’examen des titres et de la documentation, le financement, et le service après-vente constituent à mon avis les autres conditions importantes à considérer lors d’une transaction pour l’achat d’un bateau d’occasion. À ce titre, les concessionnaires (commerçants détaillants spécialisés dans la vente de bateaux) sont nettement favorisés par rapport à une transaction entre particuliers. Ainsi, la recherche pour valider et reconnaître la chaine des titres et le transfert des permis font partie du processus de vente d’un concessionnaire, alors que dans une transaction entre particuliers, l’acheteur aura à faire lui-même cette importante démarche.

En ce qui concerne le financement, ici également les institutions financières spécialisées dans le financement de bateau ne reconnaitront que les demandes de financement qui sont sous contrat avec un concessionnaire établi.
Enfin, pour ce qui est du service après-vente, un concessionnaire tenant à sa réputation et désirant faire des affaires sur une base continue, respectera non seulement les termes de sa garantie mais offrira en plus des services et conseils connexes utiles et pratiques. Par exemple, afin de fidéliser ses clients, un bon détaillant de bateaux proposera de transporter le bateau transigé au port de plaisance choisi par l’acheteur, il référera ce dernier aux différents assureurs, et offrira à son nouveau client les services d’entretien et d’entreposage hivernal.

*Prix du marché : ce prix est défini par l’offre et la demande dans une région donnée. Il tient compte de plusieurs facteurs : l’année de construction, l’état du bateau, les cylindrées du moteur, les options ou l’équipement d’origine et l’historique des ventes pour un même modèle de bateau.

Le prix du marché ne devrait pas être lié au prix que le vendeur a originalement payé, ou au solde dû au financement du bateau ou encore aux équipements personnels ajoutés au bateau.

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