On le sait, les fluctuations du prix de l’essence influencent grandement l’industrie du nautisme. Un bateau nécessite plus de puissance qu’une voiture pour se déplacer et la résistance de l’eau demande un effort continu de la part de la motorisation, éléments qui en fin de compte génèrent une consommation de carburant plus élevée. Depuis quelques années, plusieurs se sont adaptés à cette réalité en modifiant la manière dont ils pratiquent le nautisme. On se navigue moins, on maximise le temps à bord et on en fait un peu plus un mode vie. Que font de leur côté les motoristes pour faire face à cette nouvelle réalité? Malheureusement, pas grand-chose.

Dans le domaine de l’automobile, il y belle lurette qu’on a compris le message. Depuis quelques années, l’économie de carburant a pris une place plus qu’importante dans la conception des nouveaux véhicules. Les moteurs V10 on pratiquement été rayés de la carte, les V8 deviennent des six cylindres turbocompressés dans plusieurs modèles de performance ou de plus gros gabarit, même constat pour les six cylindres qui sont remplacés par des quatre cylindres plus performants ou bien souvent turbocompressés. Ajoutez diverses technologies telles que l’injection directe qui maximise les performances tout en réduisant la consommation et ont obtient des véhicules plus puissants, plus légers et beaucoup plus économiques.

Des efforts dans la mauvaise direction
Malheureusement, on ne retrouve rien de tout ça dans l’industrie du nautisme. Certes, il s’agit d’un marché ayant des contraintes différentes, mais on ne voit rien de majeur qui se dessine à court terme. Certains moteurs utilisent encore la carburation, alors qu’on a toujours droit à de gros V8 gloutons et technologiquement archaïques, utilisant encore des poussoirs de soupape push rods. Depuis deux ans, j’assiste au Salon du bateau de Miami et j’espérais voir cette année des nouveautés intéressantes à ce chapitre. Du côté de Mercrusier, toujours le principal motoriste dans le créneau de la navigation de plaisance, on présentait il y a deux ans un moteur de haute performance de 1 350 chevaux, entièrement conçu par Mercury Racing, et donc qui, n’est pas basé sur un bloc GM. Ce moteur s’avérait très intéressant technologiquement surtout qu’il utilise une double turbocompression. On comprend toutefois qu’il s’agissait d’un moteur à diffusion plus que limitée, destiné à des bateaux de très haute performance. Cette année, Mercruiser récidive avec l’introduction d’un dérivé plus « modeste » développant 1 100 chevaux. Deux ans à nous présenter en grande pompe des moteurs qui s’inscrivent dans un segment qui est presque en voie de disparition, la haute performance et aucune innovation pour M. Tout le Monde. Voilà qui est peu encourageant pour les constructeurs de bateaux qui n’ont d’autre choix que de puiser dans le catalogue des motoristes.

De son côté, Volvo à une conscience un peu plus verte. On a aboli les moteurs à carburation et les développements semblent un peu plus orientés sur l’économie de carburant. D’ailleurs, le système de propulsion IPS de Volvo, celui qui comporte des pods sous le bateau, permet une économie de carburant de près de 30 %. C’ est intéressant, mais le système IPS se monte uniquement à bord d’embarcations de grande dimension…

Et le diesel?
Les moteurs diesel représentent une solution très intéressante. Voilà un type de motorisation très bien adapté au nautisme en raison de son couple élevé développé à bas régime et de sa capacité à travailler fort, sans consommer plus pour autant. Dans plusieurs cas, on parle d’une réduction de la consommation de l’ordre de 40 % à 50 % par rapport à une motorisation à essence. Tout un avantage pour ceux qui effectuent de nombreuses heures de navigation annuellement. Toutefois, il y a un frein majeur à l’achat de moteurs diesel : le prix! Il faut débourser des dizaines de milliers de dollars supplémentaires pour obtenir une motorisation diesel, chose que plusieurs ne peuvent se permettre dans une embarcation de plus petite taille.

Bref, il faut que les motoristes réagissent rapidement à la tendance s’ils désirent préserver l’industrie du nautisme. Certains ont noté un redressement cette année dans les différents salons du bateau avec des chiffres de vente à la hausse, mais tous s’entendent pour dire que ce redressement est principalement apporté par les baby-boomers. Ces derniers s’achètent des embarcations de plus grande taille et sont beaucoup moins affectés par le prix du carburant. C’est dommage, il y a peu d’offres pour les plus jeunes qui ont à cœur l’économie de carburant… Les constructeurs risquent de se retrouver avec un nouveau creux une fois que les baby-boomers seront hors du marché, et rien pour le moment ne semble prêt pour attirer la relève.

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